Diagnostic stratégique de l’émergence de l’Afrique du Sud
L’objet de ce document est d’effectuer le diagnostic stratégique de l’émergence de l’Afrique du Sud. Ce diagnostic de l’économie sud-africaine a été effectué en s’appuyant sur la théorie de l’émergence économique de Moubarack Lô (2017). Trois indices sont associés à cette théorie, correspondant, chacun, aux dimensions de l’émergence globale. L’Indice synthétique de l’Emergence économique (ISEME) mesure le niveau d’émergence économique atteint par un pays. L’indice composite des Leviers de l’Emergence économique (ICLE) évalue le niveau des facteurs de compétitivité structurelle les plus déterminants pour atteindre l’émergence économique. L’Indice de Qualité de Vie (IQV) mesure les fruits de l’émergence économique et leur partage équitable. L’Indice d’Emergence globale (IEG) synthétise les trois indices. En matière d’émergence économique, l’Afrique du Sud, avec un score dans l’ISEME de 0,62 sur un total possible de 1, se range, en 2018, dans la catégorie des pays « émergeants ». Elle se situe au 41e rang mondial sur un échantillon de 103 pays dits en développement, et au deuxième rang africain (derrière le Maroc). Le pays enregistre ses scores les plus forts au niveau des dimensions « transformation structurelle » et « bonne insertion dans l’économie mondiale ». Ses plus faibles scores sont obtenus dans les dimensions « richesse inclusive » et « dynamisme et cadre macroéconomique sain ». Le pays connaît une baisse de sa performance dans l’ISEME depuis 2010 et, donc, connaît un net ralentissement de sa dynamique d’émergence économique. S’agissant des performances en matière de leviers de l’émergence économique, en 2018, l’Afrique du Sud, avec un score dans l’ICLE de 0,60 sur un total possible de 1, se situe au 21e rang mondial et au 2e rang africain (derrière l’Ile Maurice). Le pays enregistre ses meilleurs scores au niveau des dimensions « finance », « environnement des affaires » et « infrastructures ». Après la baisse enregistrée entre 2005 et 2010, son score dans l’ICLE est en progression continue depuis 2010, ce qui augure d’un rebond futur de la dynamique d’émergence (par le biais des effets retardés). En matière de qualité de vie, en 2018, l’Afrique du Sud, avec un score de 0,45 sur un total possible de 1, se classe à la 64e place dans le classement mondial de l’IQV et à la 9e place dans le classement africain. Le pays fait, donc, nettement moins bien sur le plan social, en comparaison avec ses performances économiques. Au sein des composantes de l’IQV, le pays enregistre ses meilleurs scores sur les dimensions «Education », « Infrastructure-TIC-Energie » et « eau-assainissement-environnement ». En revanche, l’Afrique du Sud obtient des scores relativement faibles dans les dimensions « Emploi, », « Sécurité » et « Revenu-Inégalité-Pauvreté ». S’agissant des performances en matière d’émergence globale, l’Afrique du Sud se classe, en 2018, au 30e rang mondial de l’IEG, sur un échantillon de 103 pays dits en développement, et au 2e rang au niveau africain derrière l’Ile Maurice. De fait, malgré sa structure duale, l’économie sud-africaine dispose d’un secteur privé dynamique et bien diversifié, avec un solide secteur des services comme principale source du PIB. Son système financier est sophistiqué, fortement aligné sur les meilleures pratiques internationales. En matière de transport et de logistique, l’Afrique du Sud est en tête en Afrique et devance de nombreux marchés émergeants. Toutefois, les analyses ont révélé trois faiblesses majeures pour l’Afrique du Sud. Premièrement, en dépit d’être un pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure, l’Afrique du Sud souffre d’une pauvreté élevée. Deuxièmement, la société sud-africaine est caractérisée par une extrême inégalité des revenus, à la fois entre les différents groupes raciaux et entre les aires géographiques du pays. Troisièmement, le chômage y est élevé, en particulier chez les jeunes. La capacité de l’Afrique du Sud à passer du statut de pays émergeant à celui de pays émergé doté d’une bonne qualité de vie dépend de la mise en œuvre de réformes profondes au niveau de certains leviers- clé de l’émergence économique et sociale durable: la mise à niveau du capital humain, l’amélioration de l’environnement des affaires, le développement des infrastructures des télécommunications, l’énergie et l’eau, la forte amélioration de la gouvernance économique, ainsi que la lutte active contre la pauvreté, le chômage et les inégalités de revenus.