GEOPOLITIQUE DU MONDE ARABE 2020 : QUEL AVENIR POUR LE MOYEN-ORIENT?
En partenariat avec le Policy Center for the New South (PCNS), l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) et le Collège de Défense de l’OTAN ont organisé une conférence internationale le 27 juillet à Rome, sous le thème "Géopolitique du monde arabe 2020 : quel avenir pour le Moyen Orient ?". L'événement s’est focalisé sur la situation sécuritaire complexe de la région en période d'incertitudes.
Lors son discours de bienvenue, Karim El Aynaoui, président du Policy Center for the New South, a insisté sur deux points principaux : le dialogue sud-nord et le dialogue intergénérationnel. Il estime qu'ils sont essentiels dans la résolution des conflits au sein de la région arabe.
"Les complexités régionales rendent le dialogue encore plus important aujourd'hui. Nous devons aller au-delà des canaux officiels d'élaboration des politiques et investir dans des analyses fondées sur des preuves afin de faire émerger une solution positive pour l'ensemble du monde arabe", insiste-t-il.
Compte tenu des nombreux incidents militaires qui se sont produits durant l’année 2020 mais n'ont pas aboutis à l'affrontement militaire traditionnel, Gilles Kepel, directeur scientifique de la Plateforme de libre pensée du Moyen-Orient et de la Méditerranée, a invoqué la nature complexe de la sécurité régionale dans le monde arabe. Il a également évoqué l'importance d'intégrer la région méditerranéenne et de reconnaître son rôle complémentaire en Europe.
La première session, intitulée "Un Moyen-Orient instable", s'est concentrée sur le rôle de la communauté internationale pour aider ou faciliter une entente entre toutes les parties prenantes. Youssef Cherif, directeur adjoint de Columbia Global Centers, a mis l’accent sur la concurrence entre les grandes puissances en Libye qui complique toute tentative de dialogue à des fins de résolution de conflit. En ce sens, Younes Abouyoub, directeur de la division de la gouvernance et de la construction des états pour la région MENA aux Nations Unies, considère que la pandémie actuelle retarde "toute initiative visant à régler les crises qui touchent la région". Par ailleurs, Mitchell Belfer, président de l'Euro-Gulf Information, estime qu'il est important d'examiner la structure du pouvoir dans la région, en tenant compte de l'anarchie croissante qui est présente dans les pays de la région. En outre, Maged Abdelaziz, observateur permanent auprès de l'ONU souligne que l'avenir du multilatéralisme est en jeu. Cela peut être constaté dans l’incapacité des Nations unies à nommer un nouvel envoyé en Libye.
La deuxième session, " La question de la société civile ", s'est quant à elle concentrée sur l'équilibre entre l'armée, les institutions politiques et la société civile. Robert Watkins, directeur adjoint et chef de division de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord au DCAF- Centre de Genève pour la gouvernance du secteur de la sécurité, estime que le principal défi auquel la région fait face est "la prolifération des groupes impliqués dans la sécurité" qui impacte les relations entre civils et militaires. Pour illustrer ces propos, Brahim Oumansour, chercheur associé à l'Institut des affaires internationales et stratégiques de Paris, estime "l’aide étrangère aux acteurs non gouvernementaux est un facteur clé permettant de comprendre leur succès dans des pays comme la Syrie et la Libye". Enfin, Mohammed Loulichki, senior fellow au Policy Center for the New South à Rabat et ancien ambassadeur du Maroc auprès des Nations unies, estime pour sa part que la communauté internationale doit se concentrer sur « la promotion et la protection des droits de l'homme, le développement durable et l'autonomisation des jeunes et des femmes », ainsi que sur la construction d’un nouveau modèle économique durable.