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AD Talks : clôture de la version en ligne de la conférence Atlantic Dialogues, suivie par plus de 25 000 personnes à travers le monde

Press Release | December 25, 2020

Les « AD Talks », édition spéciale en ligne de la conférence annuelle de haut niveau Atlantic Dialogues, se sont déroulés du 3 novembre au 23 décembre, autour du thème de « La crise Covid vue de l’Atlantique Sud ».

Au total, 17 sessions impliquant 80 intervenants issus de 37 pays sur quatre continents (Afrique, Amériques, Europe, Asie), ont traité de l’impact de la pandémie sur la géopolitique, l’économie et la démocratie. Parmi les intervenants ont figuré nombre d’anciens Atlantic Dialogues Emerging Leaders, de jeunes professionnels issus de tout le bassin Atlantique.

Cette édition, nourrie par l’actualité des élections américaines et de la distribution de vaccins contre la Covid-19, s’est soldée par un franc succès. Les débats ont en effet été suivis par plus de 25 000 personnes à travers 170 pays.

« Le dialogue compte, a conclu le 23 décembre Karim El Aynaoui, président du Policy Center for the New South. C’est un bien commun que nous apportons, avec des valeurs de tolérance, de respect des faits, de la science, et de curiosité pour les autres cultures ». Des AD Talks, il retient que « nous sommes à un carrefour, et nos choix vont affecter les générations futures, notamment en matière de changement climatique. La gouvernance est essentielle, de même que la solidarité. Le Maroc l’a montré, en levant l’équivalent de 3 % de son PIB pour faire face à la pandémie. La demande de protection est forte, de même que la capacité à mettre en place des filets de sécurité, à apporter les traitements nécessaires et les vaccins. En clair, l’État est de retour ».

Les messages clés des AD Talks

• Un « Passage en revue de la Covid-19 au Nord et au Sud », a permis de rappeler l’actualité du principe de non alignement en Afrique, un continent qui ne veut pas choisir entre la Chine et l’Occident. Les notions d’Ouest, de Nord et de Sud semblent de plus en plus dépassées dans l’ordre mondial selon Hubert Védrine, ancien ministre français des Affaires étrangères.

« On a fait à la mondialisation une réputation surfaite, et il a fallu que la Covid-19 arrive pour qu’on se rende compte qu’elle n’est pas si solide : la première réaction grégaire des Etats a été de fermer les frontières et rapatrier des populations, avec la rupture des chaînes d’approvisionnement et une sorte de chaos. » Aminata Touré, ancienne Premier ministre du Sénégal

• Le panel sur « L’essor de l’Asie : leçons apprises » s’est principalement focalisé sur la gestion chinoise de la crise Covid avec un niveau de suppression des libertés individuelles qui n’aurait pas été possible dans des sociétés ouvertes, en plus de dresser le bilan d’une performance mitigée dans certains pays démocratiques dans la gestion de la crise Covid-19 tel que le Royaume-Uni, le Brésil ou encore la France.

« Le temps n’est-il pas venu, pour l’Europe, la Russie et les pays en développement, de penser à une nouvelle forme de non alignement avec les Etats-Unis et la Chine, pour contenir la course aux armements et s’assurer qu’il n’y aura pas de confrontation sérieuse entre ces deux pays ? » Amre Moussa (Egypte), ancien secrétaire général de la Ligue arabe et ancien ministre égyptien des Affaires étrangères

• Au sujet des « Capacités de santé comme nouvel instrument de pouvoir », le repli des pays sur eux-mêmes durant la pandémie a mis en évidence le défaut d’une négociation globale, dans laquelle l’Europe et l’Afrique auraient pu s’allier. Une stratégie mondiale de vaccination s’avère nécessaire – prélude à l’attitude que devra avoir le monde face au climat. 

• En matière de « Coopération globale pour résoudre des crises globales », le retour des Etats-Unis sur la scène internationale avec l’administration Biden ne sera peut-être pas si fort, en raison de l’énergie à déployer en interne pour lutter contre la pandémie, et d’un moindre intérêt à jouer le rôle de gendarme du monde. 

« Pendant trop longtemps, les nations européennes et africaines se sont appuyées sur les Etats-Unis, qui ne sont plus intéressés à assumer leur ancien rôle. Avec le changement climatique, il faudra trouver un moyen de voir les nations en développement occuper une place plus grande à la table des négociations. » Bronwyn Bruton (USA), directrice des programmes et études pour le Conseil Atlantique.

L’Amérique va être de retour, malgré un courant isolationniste dans l’opinion américaine, a signalé la session « Que signifient les élections aux Etats-Unis pour l’Atlantique élargi? ». L’Europe des raisons d’espérer, car la relation transatlantique devrait être réparée. Outre l’Otan et la reconstruction de l’OMC, les questions du changement climatique et de la confrontation avec la Chine devraient prendre une autre tournure.

Les attentes frustrées que génèrent les démocraties et le système capitaliste ont été soulignées dans « La géographie des mécontentements dans le Sud global ». Si les écologistes sont les seuls à parler de l’avenir, pour prédire des catastrophes, les populistes se tournent plutôt vers le passé. En Afrique, la corruption mine la démocratie, l’impunité des dirigeants étant en partie due aux citoyens, qui ne leur demandent pas assez de rendre des comptes.

Avec « Les Etats et l’avenir de la démocratie », l’accent a été mis sur la résilience des valeurs démocratiques, malgré la perte d’influence de l’Occident. Et ce, même si le terrorisme entrave les démocraties en Afrique, de même que le populisme et l’islamophobie en Inde. L’espoir est permis : une rénovation de la démocratie peut résulter du rapprochement attendu entre les Etats-Unis et l’Europe.

La session « Pandémies: sauver des vies humaines ou l’économie », est revenue sur une reprise américaine et asiatique plus dynamique qu’en Europe, de même que sur les effets du populisme, qui ont vu plusieurs chefs d’Etat refuser de porter le masque, comme aux Etats-Unis, au Brésil ou au Mexique.

« Sur les dix pays ayant le plus grand nombre de morts, huit sont dirigés par des populistes, de droite comme de gauche. Le populisme est une simplification, alors que la pandémie est complexe : les Etats-Unis, le Brésil, l’Espagne et l’Italie ont trouvé les idéologies plus pertinentes que la sûreté publique ». Paulo Portas, ancien ministre portugais des Affaires étrangères

Sur la « Covid-19 et le commerce international », on note que l’Amérique latine a été la région la plus touchée du monde, avec une baisse des exportations de 16 % au premier semestre 2020. Afin de préparer la prochaine pandémie, le besoin se fait ressentir d’un cadre international sur le commerce et la santé, afin de ne pas voir rompues les chaînes d’approvisionnement en produits médicaux.

• Le panel sur « L’impact de la crise sur les marchés et la transition énergétiques » a relevé que les énergies vertes progressent partout. Cependant, la crise économique risque de retarder les mesures à prendre pour la transition, même si cette dernière paraît plus que jamais nécessaire, en raison du changement climatique.

• La session de clôture en présence de trois anciens présidents du Costa Rica, de l’Equateur et de l’Argentine, est revenue sur l’impact économique de la crise Covid en Amérique latine.

« Nous avons connu le pire impact sur le chômage en Amérique latine, avec un taux qui a doublé au Costa Rica, passant de 12 % à 22 %. Nous sommes l’un des pays les plus endettés du sous-continent, avec le Brésil et l’Argentine, et la population est très mécontente de la situation. »

Miguel Angel Rodriguez, ancien Président du Costa Rica

D’autres sessions, disponibles sur la page Atlantic Dialogues de notre site, ont porté sur « L’âge de la désinformation », « Le rôle des TIC dans la gestion des crises globales », ou encore « l’impact de la crise sur la santé mentale ». Autant de sujets sur lesquels le prochain rapport annuel Atlantic Currents, aligné sur les thèmes des AD Talks, va revenir lors de sa publication début janvier.