L'islam politique après les Printemps arabes : Regards croisés en Afrique du nord et en Europe
Contexte
Suite aux vagues de protestations désignées sous le nom des « printemps arabes », les pays concernés n’ont pas tous abouti aux mêmes résultats. Les fruits de ces manifestations ont varié en fonction des différences et des spécificités de chaque pays. En particulier, l'islam politique s'est révélé à la faveur de ces événements, avec notamment le succès emporté par les partis qui s'en réclamaient lors des élections qui ont pu se tenir au Maroc, en Tunisie, et en Egypte. Chaque société a vécu ses propres mutations, rendant toute généralisation ou tentative d’explicitation commune particulièrement complexe. Aujourd’hui, les conséquences sont extrêmement diverses : transition démocratique, reconstructions, réformes, contre-révolutions, guerres civiles, restauration autoritaire et autres. Alors que l’islamisme s’est construit en porte à faux de la modernité occidentale et que le débat sur les pratiques des européens de confession musulmane est plus vif que jamais, les lectures qu’en font les Européens et les pays du Maghreb sont également très différentes.
Participants
Délégation OCP Policy Center
● Abdelhak Bassou, Senior Fellow, OCP Policy Center
● Bouchra Benhida, Senior Fellow, OCP Policy Center
● Mohammed Dryef, Ancien Wali, Maroc
● Karim El Aynaoui, Directeur général, OCP Policy Center
● Larabi Jaïdi, Senior Fellow, OCP Policy Center
● Mohammed Loulichki, Senior Fellow OCP Policy Center, Ancien Ambassadeur et Représentant permanent du Maroc aux Nations unies à New York
● Fathallah Oualalou, Ancien Ministre de l'Économie et des Finances du Royaume du Maroc et Senior Fellow, OCP Policy Center
● El Mostafa Rezrazi, Senior Fellow, OCP Policy Center
● Abdelkader Zraih, président de la Commission régionale des droits de l'Homme de Rabat-Kenitra
Délégation Institut Montaigne
● Fathi Ben Brahim
● Dalila Berritane
● Jean-Marc Berthon
● Michel Duclos
● Hakim El Karoui
● Dominique Lafont
● Dominique Moïsi
Déroulé prévisionnel :
● 8h30-8h35 : ouverture de la session par le modérateur
● 8h35-8h50 : présentation par Hakim El Karoui
● 8h50-9h : réponse d’Abdelhak Bassou
● 9h-10h20 : échanges entre les deux délégations, animation par le modérateur
● 10h20-10h30 : remarques de clôture par Karim El Aynaoui
Argument développé dans le rapport d’Hakim El Karoui :
On peut lire l’épisode des “printemps arabes” comme la troisième grande rupture historique dans l’histoire récente du monde arabe (après la rupture des années 1920 : Première Guerre mondiale et fin de l’Empire ottoman et celle de la fin des années 1970 : révolution iranienne, prise de la Mecque, coup d’État en Turquie).
Les révolutions renversent ou déstabilisent certains régimes, comme en Égypte ou en Tunisie, et débouchent sur la victoire électorale, en Égypte, en Tunisie et au Maroc, de partis politiques liés aux Frères musulmans. Même s’ils ne parviennent pas toujours à se maintenir au pouvoir, ils sont portés par des sociétés de plus en plus conservatrices, sous l’effet également de la progression d’un salafisme importé d’Arabie saoudite. De plus, la montée des tensions au Moyen-Orient s’appuie entre autres sur la question religieuse, puisqu’elle met face à face pour des raisons avant tout géopolitiques des pays tenants de différentes formes d’islamisme, que ce soit le frérisme (Égypte jusqu’en 2013, Turquie, Qatar), le wahhabisme pour l’Arabie saoudite, ou le chiisme. Enfin, le djihadisme, la constitution d’un État islamique autoproclamé au sein de la région, et la restauration du califat par ce dernier en 2014, continuent de poser la question du rapport entre pouvoir et religion.