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Industrie automobile nationale face à la Covid-19 : faut-il se préoccuper de l’impact sur le compte courant ?

Abdelaaziz Aït Ali | August 07, 2020

L’industrie automobile mondiale est confrontée à une année 2020 des plus difficiles. La pandémie est apparue pour la première fois dans une région chinoise réputée pour son secteur automobile développé. Dans un premier temps, ce sont les constructeurs sudasiatiques qui ont subi les premières ondes de l’arrêt de l’activité en Chine avant que le foyer pandémique se déplace en Europe et aux Etats-Unis et que la perturbation des chaînes de valeurs prenne une dimension cette fois-ci mondiale. Au Maroc, le secteur n’est pas resté à l’abri de ce contexte mouvementé et les performances à l’exportation dénotent d’un recul de près de 40% du chiffre d’affaires sur la première moitié de l’année. Cependant, l’effet net de cette contraction sur l’entrée des devises ne devrait pas être aussi important, pour deux raisons principales : la première est liée à la forte dépendance du secteur vis-à-vis des intrants importés qui réduirait ainsi la demande du secteur en biens intermédiaires, et la deuxième ayant trait à la prépondérance du capital étranger dans le secteur, lequel capital verra ses rapatriements de bénéfices se tasser. Il est de ce fait primordial d’élargir l’angle d’analyse des effets d’entraînement du secteur automobile et, par là même, des métiers mondiaux du Maroc au-delà de la notion de la valeur ajoutée domestique réalisée à l’exportation. En effet, il est utile de prendre en compte le partage de la valeur ajoutée entre les facteurs de production, qui laisse présager une prépondérance de la rémunération du facteur capital – étranger dans le cas du secteur automobile - prédisposé à rapatrier l’intégralité ou une partie de ses bénéfices. Parallèlement à la politique de promotion de l’attractivité du Maroc - cruciales pour le transfert technologique et l’intégration dans les chaînes de valeurs mondiales -, les décideurs devraient veiller à consolider la présence du capital national dans l’écosystème de l’industrie et le placer au centre de toute politique industrielle à même de porter l’industrie à un nouveau sentier de développement.